top of page
Photo du rédacteurFranck BRUGUIERE

La brique toulousaine .



  • Histoire :


    Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur une des spécialités les plus identitaires de Toulouse : La brique !!! .

    En effet, Toulouse est un cas rare en France de grandes villes bâties en brique, car le pays a historiquement une préférence pour la pierre de taille .

    Mais recourir à la pierre était impossible à Toulouse, bâtie sur site éloigné de toute carrière de pierre .


  • De nos jours :


    Aujourd'hui, la brique de Toulouse est appelée " brique foraine ", son nom viendrait du latin " foraneus "qui signifie " qui vient d'un autre lieu " ( comme le mot foreign en anglais ), car au Moyen âge le terme " foraine " désignait les briques fabriquées dans une briqueterie qui étaient d'une meilleure qualité que celles habituellement produites directement sur le chantier de construction ( elles venaient donc " d'un autre lieu " que le chantier ) .


    Désignant originellement une brique d'une qualité supérieure aux briques communes , le nom " brique foraine " est devenu de nos jours plus générique et qualifie toutes les briques de format toulousain quelle que soit leur qualité .


  • Attention à ne pas confondre la brique toulousaine avec celle du Nord de la France :



La brique foraine a un format semblable aux antiques briques romaines.

Son format est bien ce qui distingue la brique foraine dans la famille des briques : héritières médiévales de la brique romaine, elle est grande et plate ( habituellement 42/28/5 cm ) et à la particularité que sa largeur fasse les 2/3 de sa longueur .

Et c'est bien la principale différence avec celle que l'on appelle ( du moins à Toulouse ) la " brique du Nord " dont la largeur fait la moitié de la longueur .



A partir du 12ème siècle cette brique du nord a conquis la majeure partie des régions de brique de France et d'Europe car elle était sans doute plus pratique :


  1. plus facile à poser .

  2. son format autorise également la création de motifs géométriques décoratifs .

  3. Pour son ornement la brique foraine doit quant à elle recourir à d'onéreux tailleurs de brique , des ouvriers spécialisés dans la découpe de la brique déjà posée sur le mur et auxquels on faisait appel pour réaliser moulures, pilastres et autres décors architecturaux .



Façade du château de Malbork, Pologne, XIIIème siècle . ( mur en brique du Nord ) .



Eglise des Jacobins, Toulouse, XIIIème siècle. ( brique foraine ) .


  • L'évolution de la brique foraine de Toulouse :



Portail au décor de brique taillé, rue Tripière 31 000 Toulouse .


Les briques héritières du format romain, comme notre brique foraine ont donc été marginalisées et n'ont subsisté que dans quelques régions ayant conservé les traditions constructives antiques , notamment en Espagne, en Italie centrale et dans le région toulousaine.


Au Moyen âge, dans une ville bâtie essentiellement en bois n'étaient construits en brique que les monuments et les maisons de propriétaires fortunés car la brique était un matériau cher.

Les incendies et notamment le grand incendie de 1463 qui dévasta Toulouse, poussèrent les capitouls, administrateurs de notre ville, à promulguer des édits conduisant petit à petit à la généralisation de la brique dans les constructions plus communes.


Par conséquent, alors qu'au Moyen âge, la brique était toujours bien cuite et solide, à partir de la Renaissance on s'accommoda de briques de qualité moindre car les fours de brique, devenus plus grands, produisaient à la fois des briques bien cuites et des briques insuffisamment cuites.

La brique toulousaine était donc en réalité constituée d'une gamme de matériaux allant de la brique bien cuite ( chère ) à la brique mal cuite, ( bon marché ) , avec des qualités intermédiaires .

La brique mal cuite, lorsqu'elle était posée en façade, devait alors être protégée par des peintures ou des enduits de couleur brun rouge, sur lesquels étaient parfois retracés des joints permettant de parfaire l'imitation de la brique .



  • La malédiction de la brique toulousaine :



Enduit avec faux joints imitant et protégeant la véritable brique .


Mais la mode change, dans le dernier tiers du 18ème siècle s'impose à Toulouse le désir d'imiter l'architecture de pierre parisienne .

La brique qui était un matériau apprécié devient ( provisoirement ) mal aimé.

Dès lors, la ville est repeinte en blanc, et les murs de brique sont parfois creusés de profondes rainures permettant d'imiter la pierre de taille .

Il en reste encore des traces sur certaines façades toulousaines, mais généralement cette peinture blanche a été retirée à partir de la fin du 19ème siècle, ne subsiste de cette époque blanche que des rainures taillées dans la brique .



Avec ces rainures, ce mur de brique devait ressembler à un mur en pierre de taille à l'époque où il était peint en blanc .


A d'autres époques, ce n'est pas la pierre que l'on cherchait à imiter, mais la brique du Nord.

En effet, les joints verticaux des murs en brique du Nord se superposent parfaitement un rang sur deux, alors que ceux en brique foraine sont constitués d'assises horizontales dans lesquelles il n'existe traditionnellement pas le souci de s'aligner sur les autres joints verticaux des murs .


Soumis à une influence parisienne de plus en plus prenante et voulant corriger ce qui était alors perçu comme un défaut, les Toulousains en vinrent à repeindre certaines façades pour les " rectifier " .

Avez-vous remarqué que la belle façade du Capitole a été retouchée de la sorte !!! .


Presque invisible de loin, ce subterfuge de graver de faux joints et de masquer les vrais joints dans le but d'obtenir une régularité en trompe-l'œil de l'appareil de brique se dévoile quand on s'approche suffisamment de la façade .



Façade du Capitole vue de prêt !!! .


Autre signe d'influence extérieure , à partir de 1840 se développe à Toulouse une brique jaune qui vient remplacer la peinture blanche dans l'imitation de l'architecture parisienne.

Elle donne un ton très parisien aux grands axes Haussmanniens de Toulouse .



La brique jaune se rencontre particulièrement sur les immeubles de style haussmanniens, comme ci-dessus rue Alsace-Lorraine !!! .


Ainsi, tiraillée tout au long de son histoire entre le désir d'affirmer ses particularités traditionnelles et l'incitation à imiter les modèles parisiens, l'architecture de brique toulousaine est sûrement l'une des plus originales d'Europe : celle d'une ville de brique romaine dans un pays aux villes de pierre ou de brique du nord !!! .


Bienvenue à Toulouse.

Le blog de Toulouse.

Amicalement, Franck .











Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page